La gen Z brandit le drapeau One Piece pour saboter les gouvernements
On avait l’habitude de voir flotter autour du monde les oriflammes classiques de la contestation et de la résistance, les éternels drapeaux rouges, flanqués de symboles historiques et autres étoiles à 5 branches.
Quand est apparu cet été en Indonésie puis à Madagascar, aux Philippines au Maroc, ou même en France, un drapeau reconnaissable entre mille, celui du manga One Piece. En quelques semaines, le drapeau One Piece s’est imposé comme étendard de la Gen Z, les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début de 2010.
One Piece, est un manga créé par Eiichirō Oda en 1997. Luffy, le héros, est à la recherche d’un trésor, le “One Piece”, pour devenir le roi des pirates, d’où le drapeau noir personnalisé de Jolly Roger, une tête de mort coiffée d’un chapeau de paille.
Symbole de la GenZ, le drapeau One Piece suscite l’engouement autour de la planète
– One Piece est le manga le plus vendu au monde (110 tomes, 530 millions d’exemplaires écoulés). Le drapeau de Luffy est un véritable symbole universel.
– Derrière une histoire de pirates, One Piece est nourri d’enjeux politiques.
Au fil de l’histoire, Luffy symbolise la rébellion et la justice face à un pouvoir central corrompu et monopolistique. La réalité colle en miroir à la narration du manga.
– Depuis 28 ans, c’est toute une génération qui a grandi en lisant One Piece. Pour certains jeunes, Luffy est “presque” un membre de leur famille.
– Visuellement, le drapeau de Luffy est l’un des symboles les plus reconnaissables de la pop culture. Facile à reproduire, il circule massivement sur les réseaux sociaux. À Madagascar, son chapeau de paille a été remplacé par le chapeau traditionnel en rafia.
– Enfin, le drapeau One Piece parle de culture numérique de la Gen Z. Leurs échanges politiques reposent sur des réseaux d’engagements numériques. La solidarité des jeunes manifestants quels que soient leur pays et leur langue se nourrit d’une référence culturelle partagée plutôt que par l’adhésion à un parti ou a des organisations traditionnelles.
Ainsi des vidéos de manifestants indonésiens brandissant le drapeau de One Piece furent reprises massivement aux quatre coins du monde sur TikTok et Instagram, ce qui leur a donné une visibilité bien au-delà de leur cercle d’origine.
Ce n’est pas la première fois que la pop culture s’invite dans des mouvements populaires de contestation.
Les Anonymous en 2010, s’étaient couverts du masque de Guy Fawkes, le héros de V pour Vendetta. En 2014 et 2021, de nombreux manifestants en Thaïlande et en Birmanie reprenaient le salut des trois doigts de Hunger Games.
Il faut croire que les partis politiques traditionnels n’accompagnent plus l’espoir d’une génération qui trouve un vent d’optimisme, de résilience et d’émancipation dans les récits épiques de la pop culture.
Le gouvernement indonésien vient d’interdire le drapeau de One Piece dans les manifestations, considérant qu’exhiber ce drapeau visait à déstabiliser et trahir la nation. Ce qui a engendré, à l’inverse, la multiplication de ses apparitions : il est toujours interdit d’interdire.
Rédaction : François Chevret