Une palissade de chantier participative

À l’occasion des travaux sur le site emblématique de l’Autre Soie à Villeurbanne, Graphéine est invité à concevoir l’habillage graphique d’une palissade de chantier d’environ 250 mètres de longueur. Pour rappel, l’Autre Soie est un projet innovant de ville inclusive, mêlant hébergement, habitat, économie sociale et solidaire, où la culture permet de tracer un lien entre l’autre et soi. Ce travail sur la palissade s’inscrit à la suite de l’identité visuelle participative que nous avions conçue en 2019. Durant toute la durée des travaux, le site a été entouré d’une palissade à haute valeur stratégique, nous permettant de faire connaître et rayonner le projet. Il s’agissait de mettre en avant l’histoire du site, mais également son avenir et les valeurs fortes qui l’animent. Il s’agissait aussi de piloter un travail collaboratif entre un artiste et les habitants du quartier.

Pour cela, nous avons proposé de collaborer avec Antonin Hako, membre fondateur du collectif d’artistes lyonnais THTF. Peintre plasticien, sculpteur ou encore performeur, Antonin intègre sa vie quotidienne pleinement à son oeuvre. Il interroge l’espace et envisage sa pratique comme un art global. Inspiré par la ville en perpétuelle évolution, son langage graphique reflète un vocabulaire urbain. Lignes brisées, coupées, formes qui se choquent, s’assemblent ou s’opposent. Construction, dé-construction, en référence à un espace en transition. Voici un aperçu des multiples ramifications de ce travail de signalétique de chantier.

L’Autre Soie,
une identité visuelle participative

Le logotype est une invitation à relier l’Autre à Soi(e). C’est un logo qui n’existe qu’une fois les points reliés. Peu importe que les points soient reliés physiquement ou mentalement, c’est dans cette action que les mots deviennent des signes, et que le logotype apparait. Ainsi ce logo “L’Autre Soie” se réinvente en continu, tout en conservant la cohérence et la reconnaissance nécessaire à une marque. L’identité visuelle s’accompagne de la typographie Storno. Son dessin très « normé » contraste avec la jovialité de ses gros points sur les « i », permettant ainsi de nombreux jeux graphiques. C’est une typographie qui n’existe qu’en une seule graisse. Une forme de minimalisme limitant les effets superflus au sein de la mise en page. Dès lors, seule l’échelle des mots permet d’établir des niveaux de lecture. Nous vous invitons à découvrir en détail cette identité visuelle  participative.

Schéma d’implantation

Nous intervenons sur 3 palissades différentes. Les lots A & B sont des palissades informatives sur le projet. Le lot C correspond à la palissade participative réalisée avec Antonin Hako. Elle entoure un centre d’hébergement d’urgence, qui accueille 21 familles durant les 3 années de travaux. Ce sont les enfants du centre d’hébergement qui impliqués dans la création de cette palissade.

Règles du jeu

Nous envisageons les palissades comme une partition musicale qui se composerait sur une grille modulaire de format A3. Ensuite différents types d’ingrédients viennent composer la partition graphique : mots clefs, textes, images, intervention artistique…

Lots A et B :
La palissade informative

Lot C :
La palissade participative
Antonin Hako

En 2021, une résidence transitoire est installée et accueille 21 familles (dont 54 enfants) du centre d’hébergement d’urgence Alfred de Musset, durant les 3 années des travaux. C’est dans ce contexte que l’intervention artistique se déroule.  Les enfants de la résidence, accompagné par Antonin Hako, sont invités à venir peindre librement cette palissade, sur la base du travail graphique noir & blanc d’Antonin.

Derrière la démarche artistique, ce cache surtout une intention “poético-politique”. En effet, pour ces enfants, être autorisé à écrire et dessiner librement sur les murs, c’est leur octroyer une reconnaissance sociale et symbolique, ainsi qu’une opportunité de les impliquer activement dans la vie de la cité, transformant l’espace public en un lieu de collaboration, d’expression et de dialogue. Dans ce cadre “être autorisé” à peindre librement cette palissade peut être vu comme un moyen d’émancipation, autant qu’un moyen se s’approprier l’espace public et favoriser ainsi le sentiment d’appartenance. Derrière ces réflexions philosophiques, on peut aussi juste retenir la joie d’une après-midi printanière remplie de couleurs et de cris d’enfants !